Il devient prioritaire de renforcer les dimensions Stratégie et Marché au sein des Pôles de compétitivité français

Le 23 juin 2012 dans Stratégie

Quelques chiffres pour commencer.

71 Pôles de compétitivité ont été labellisés par l’Etat. Ces Pôles sont évalués tous les 3 ans et la dernière évaluation rendra son verdict dans les prochains mois.

Il est bon de rappeler que ces Pôles ont été créés sous le gouvernement Raffarin en 2005 pour être des catalyseurs de l’innovation dans les territoires en facilitant le travail collaboratif entre les entreprises, la recherche et la formation ; qu’ils adressent des filières industrielles et/ou des thématiques transverses (nanotechnologies, NTIC, développement durable…) ; qu’ils sont classés par rayonnement géographique (pôles nationaux, pôles mondiaux) ; qu’ils ont été évalués une première fois en 2008, ce qui a conduit déjà à un déclassement de certains. Bref, ce sont des « objets » très convoités – ils structurent la déclinaison en Région des Emprunts d’Avenir –, très surveillés par leur(s) organisme(s) de tutelle – via la DGIS – et oeuvrant dans un environnement instable – quelle sera la politique du nouveau gouvernement vis-à-vis des Pôles ?

Outre ces 71 Pôles, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a mis en place en parallèle des Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique et Solidaire (PRIDES). C’est ainsi que 29 PRIDES co-existent en PACA, certains d’entre eux étant également Pôles de compétitivité.

Au moment d’ouvrir « l’Ere III » des Pôles, il est intéressant de porter un regard de praticien sur ces usines à projet dont la vocation est de faire émerger les produits/services, le PIB et les emplois de demain. Quelle valeur ajoutée génèrent-ils dans les territoires ? Tous ont-ils leur raison d’être ?

Depuis 2007, les praticiens que nous sommes ont accompagné un panel représentatif de Pôles et PRIDES ; représentatif au sens des filières (industrie, services) comme au sens du rayonnement (international, national, régional).

De ces retours d’expérience, nous avons tiré des enseignements (cf. un rapport de mission d’emoveo dans www.emoveo.fr, rubrique « Publier »).

Tout d’abord, il est possible de distinguer deux types de Pôles qui obéissent à des logiques bien distinctes :

 

Quand nous analysons un certain nombre de Pôles, de quoi nous rendons-nous compte ?

– Les chaînes de valeur n’apparaissent pas toujours distinctement. Et quand elles sont mises en avant, elles sont plus impulsées autour de membres « phares » (grands groupes, entreprises maîtrisant un savoir-faire / une technologie de pointe) que marquées par une démarche structurée de construction de chaîne de valeur.

– La stratégie autour des Domaines d’Activité Stratégique n’est pas suffisamment aboutie dans une perspective de faire émerger des offres de services à travers des questionnements du type : quelle est l’offre de services associée à un projet de R&D ? Comment concevoir des offres de services structurées / groupées à partir des activités de services existantes ?…

– Nous remarquons d’ailleurs que les Domaines d’Activité Stratégiques sont rarement de vrais DAS. Ce sont la plupart du temps des systèmes ou des thématiques auxquelles raccrocher des projets de R&D et les acteurs de l’innovation (entreprises, recherche, formation).

– La connaissance des marchés est insuffisamment poussée. Un peignage fin de l’environnement de(s) marché(s) ciblé(s) et une veille « techno-marché » systématique permettrait d’avoir une démarche plus proactive et plus pertinente.

– En parallèle, la cartographie des compétences, à ce jour embryonnaire, est un travail prioritaire – l’on ne parle pas ici de l’annuaire des membres. Plus que prioritaire, il est un pré-requis pour être capable d’analyser les offres de services potentielles.

– Une meilleure acuité des analyses interne et externe faciliterait le croisement « compétences-marchés » et « technos-marchés » et permettrait d’allouer les moyens là où ils sont porteurs.

– Pour les pôles orientés « techno », la technologie a primé sur les usages. Un questionnement sur les usages permettrait d’assembler des offres et de reconstituer une/des chaîne(s) de valeur.

– Enfin, en certains cas, la taille critique pour adresser de manière compétitive un marché a-t-elle été suffisamment bien été mesurée ? Pour le moins, la question mérite d’être posée.

 

La stratégie consiste à allouer les moyens sur les offres de service porteuses, d’identifier les compétences requises, les compétences manquantes et les moyens pour les combler (stratégies d’alliance, développement de nouveaux métiers, besoins de formation,…).

L’ère III des Pôles de compétitivité sera STRATEGIQUE et orientée MARCHES…ou ne sera pas. Toutes choses égales par ailleurs – nous ne maîtrisons pas la chose politique – ceux qui l’auront compris creuseront le sillon des PIB futurs de nos Régions et du pays, et se rendront incontournables. Les autres creuseront leur tombe.

En parallèle, tous ont besoin d’un terreau fertile pour se développer et mettre en œuvre des feuilles de route réellement stratégiques. Ce terreau ne peut être fertile qu’à travers une vision claire de l’Etat, des moyens financiers (et de financement) efficaces et stables et une coordination pleine et entière entre l’Etat, les Régions et l’Europe.

A un moment où l’Etat affiche une détermination assumée dans le « redressement productif », souvenons-nous qu’il est question de Pôles…de COMPETIVITE !

Jerome Carayol - emoveo

Par Jérôme Carayol

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