Si l’accent sur la réindustrialisation de la France est très marqué dans les débats de politique économique, il en reste néanmoins que la compétitivité des économies développées et la préservation de l’emploi reposent aujourd’hui largement sur la capacité à créer de la valeur via l’innovation « service » : dans le secteur des services, mais également dansle secteur industriel par l’introduction des nouveaux services.
En effet, dans le contexte de crise actuel, le passage d’une économie de volume à une économie de valeur semble être la voie majeure permettant de restaurer la croissance des économies européennes. Cette transformation est étroitement liée à l’augmentation des valeurs immatérielles, et, en particulier, à l’innovation « service ».
D’ailleurs, la frontière entre industrie et services s’efface, et l’on parle de plus en plus d’économie de « solutions » intégrant produits et services dans une offre globale, qui répond à un besoin sociétal : lié à la santé, aux transports, à la qualité de vie…
La notion de Smart spécialisation dans l’innovation service
La Commission Européenne a lancé en 2011 sa stratégie de Smart Specialisation, qui conditionnera la prochaine programmation des financements européens pour 2014 – 2020.
La Smart Specialisation Strategy (3S) repose sur un certains nombre de suggestions :
1. Mieux définir et expliciter ses priorités stratégiques.
2. Partir de ses propres compétences et de ses propres avantages compétitifs pour se positionner sur des marchés et/ ou des niches de marché ciblés.
3. Avoir un regard sur la dimension internationale de ses marchés.
4. Réfléchir au « Policy mix » le plus adapté plus accomplir ses objectifs.
5. Structurer de manière adéquate son ingénierie de financement.
Voir par exemple sur le sujet : http://www2.mediterranee-technologies.com/blog.
L’éco-système de l’innovation (public/privé avec comme fer de lance les pôles de compétitivité, les pôles d’innovation et autres clusters) est directement concerné par ces nouvelles orientations.
Quelles conséquences pour les politiques publiques d’innovation ?
Méditerranée Technologies, avec l’accompagnement d’emoveo, a mené en 2012 une étude sur l’évolution des services dans les chaînes de valeur des pôles dans la perspective de l’émergence de projets innovants structurants pour le territoire régional.
Dans le cadre de cette étude, des recommandations ont été faites dans le but d’orienter les dispositifs d’accompagnement régionaux vers des stratégies et des projets innovants les plus proches possibles des marchés.
Sans entrer dans le détail, il est possible de mentionner quelques pistes de réflexion :
– La mise en marché doit être explicite tout comme l’objectif de structurer l’innovation « service » comme élément fondamental de compétitivité.
– L’articulation entre les stratégies régionales économiques et d’innovation d’un côté, et les filières industrielles portées par les pôles de compétitivité « phares » d’autre part, doit être renforcée pour systématiser l’innovation « service » autour des grands projets d’innovation technologique (dans l’idée qu’un projet technologique génère de multiples innovations « service » associées).
– L’innovation « service » est un terrain favorable à l’émergence et à l’essaimage de « Start-up ». Or ces entreprises ont des besoins très spécifiques en termes de financement et l’analyse financière de ces projets demande des compétences très spécifiques. Il apparaît donc essentiel de concevoir des outils de financement et d’accompagnement à la création et au développement spécifiquement orientés vers l’innovation « service ». Un travail qui implique les réseaux régionaux d’innovation dans le développement d’une stratégie d’innovation « service » régionale (exemple du programme PACAlabs en Région PACA).
– L’innovation « service » repose en grande partie sur l’identification de nouveaux usages et la scénarisation des nouveaux services pour y répondre. Des compétences spécifiques liées aux métiers du « Design » deviennent un atout majeur pour accoucher ce travail de scénarisation. C’est l’exemple d’un projet pilote « Designers en résidence » en PACA qui a permis de mettre à disposition des 3 pépinières régionales des designers de l’ENSI. Ces derniers ont suivi un groupe de 12 entreprises de services en création, les aidant à mieux définir leur projet stratégique et leur business model, avec des résultats très intéressants du point de vue de l’innovation « service ».
– Enfin, les nouvelles relations entre grands groupes et PME dans un écosystème ouvert semblent bien relever de changements organisationnels et donc d’innovation « service » (en considérant en plus que cela devrait aboutir à la construction de nouvelles offres…). La diffusion d’une culture de l’innovation ouverte est sans doute un facilitant de l’efficacité de ces nouvelles relations.
En quoi l’innovation « service » concerne mon entreprise ?
L’innovation «service » peut intervenir à plusieurs niveaux, du micro au macro : entreprise, réseaux d’entreprises ou écosystème.
Plus haut, nous avons évoqué l’innovation « service » au sein d’un écosystème innovant dans lequel les acteurs de l’économie évoluent ; il s’agit d’une innovation liée aux services pour le territoire – transport, communication, financement… – qui contribuent à l’attractivité et à l’efficience du système économique.
Que l’innovation « service » concerne un écosystème innovant paraît rien de moins que normal…même si, nous l’avons souligné, ce n’est pas encore suffisamment le cas.
Pourquoi mon entreprise (au sens de l’unité de production et de commercialisation) devrait-elle s’intéressant à l’innovation « service » ?
Pour une multitude de raisons :
– Premièrement, les activités de service représentent de l’ordre de 80% du PIB français. Est-il seulement imaginable de ne pas innover dans son offre de service quand on est une entreprise de service ?
– Deuxièmement, l’innovation « service » est bien plus accessible (coûts, délais et risques mieux maîtrisés) que l’innovation technologique ; a fortiori pour une entreprise de service.
– Troisièmement, l’innovation « service » peut rapporter gros. Plus large que l’innovation technologique très focalisée et pointue, elle contribue au développement de l’offre (et au CA) et également à l’efficience de l’entreprise (à la marge) ; à travers l’amélioration de la proposition client, la révision du modèle économique, des changements organisationnels ou qui portent sur l’administration des services, ou encore dans la relation client et la satisfaction client.
– Quatrièmement, l’innovation « service » est-elle une option ? L’entreprise évolue désormais de manière parfaitement imbriquée dans un réseau d’entreprises, dans une chaîne de valeur de plus en plus structurée. De la même manière que les donneurs d’ordre ont exigé de leurs fournisseurs qu’ils soient « lean compliant », il y a fort à parier qu’ils travaillent demain avec ceux qui sont « innovation service oriented ».
Et si nous devions conclure par une dernière excellente raison de penser innovation « service » au sein de l’entreprise, il nous semble intéressant de rappeler que l’innovation « service » a le grand mérite de (re)mettre les clients actuels et futurs au cœur de l’entreprise et de rechercher de nouveaux filons de croissance différenciants (et donc moins bataillés) pour répondre à des besoins non satisfaits.
Comment développer l’innovation « service » dans votre entreprise ?
Reprenez les suggestions de la 3S. Elles sont parfaitement applicables à votre entreprise :
1. Expliciter ses priorités stratégiques.
2. Partir de ses propres compétences et de ses propres avantages compétitifs pour se positionner sur des marchés et/ ou des niches de marché ciblés.
3. Avoir une dimension internationale de ses marchés.
4. Réfléchir au « Marketing mix » et au modèle économique les plus adaptés.
5. Structurer de manière adéquate son ingénierie de financement (« design-to-pay »).
Pour compléter cette liste, nous ajoutons un point essentiel pour faire émerger l’innovation « service » au sein de votre entreprise : la scénarisation des services associés à votre offre (ou à votre savoir-faire de base).
En effet, comme nous l’avons souligné plus haut, l’innovation « service » oblige à changer de posture et à imaginer les nouveaux services à développer pour répondre à de nouveaux usages, qui, par définition, n’existent pas aujourd’hui…ou sont des besoins implicites.
La connaissance des nouveaux usages et la scénarisation des besoins en matière de services jouent donc un rôle fondamental dans la démarche.
Concrètement, il s’agit de se creuser les méninges pour imaginer par exemple : Quels sont les différents modèles économiques possibles associés à l’offre ? Quels sont les usages/les fonctionnalités vis-à-vis des clients visés ? Quelles organisations de relations avec les clients, les fournisseurs… ? Quels processus de production et de livraison aux clients ?…
Cette démarche n’est pas triviale, elle n’est pas non plus très compliquée dès lors qu’elle fait appel à des réflexes, du bon sens et quelques outils.
Et rassurez-vous, des consultants et des designers sont là pour vous aider !
Si certains grands groupes consultent aujourd’hui pour des études de diversification par l’innovation « service », sans doute ont-ils analysé l’avantage compétitif qu’ils peuvent en retirer.
Pour nous, PME opérant dans les services, c’est une évidence.
Pour nous consulter ou nous faire part de toute remarque, nous sommes à votre écoute : sms@emoveo.fr